jeudi 17 février 2011

Prière à Saguenay — Le gouvernement des juges

Texte de Mathieu Bock-Côté :

Le Tribunal des droits de la personne vient d’ordonner à la ville de Saguenay de retirer le crucifix de son hôtel de ville en plus d’interdire la tenue de la prière avant le Conseil municipal. Je ne sais pas si la prière a sa place dans un conseil de ville. Mais je suis certain d’une chose : ce  n’est pas aux juges de décider à la place de nos élus de la bonne manière de trancher cette question. Ce jugement confirme ce que nous savons depuis longtemps : nous vivons sous la férule du gouvernement des juges.

Apparemment, il faudrait préférer le despotisme éclairé des juges aux décisions des élus démocratiques. Ce modèle repose sur le mépris d’un peuple considéré immature et prompt à tyranniser les minorités. L’odieux ne s’arrête pas là. Le jugement du Tribunal a accordé au « plaignant » 30  000 dollars en dommages. 30 000 dollars ! Le chantage victimaire est payant. Il ne faut pas se surprendre qu’un nombre croissant de gens se plaigne de discrimination. On devrait appeler cela un délire idéologique publiquement encouragé.

En fait, ce jugement confirme le pouvoir exagéré du Tribunal des droits de la personne et de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ) qui l’accompagne. La CDPDJ représente lecentre névralgique de la philosophie de l’accommodement raisonnable et sert de relais bureaucratique aux lobbies victimaires. Il faut lire les documents produits par la CDPDJ pour s’en convaincre. Dès qu’une norme collective ne s’accommode pas à une revendication minoritaire, la CDPDJ hurle à la discrimination. Une conception pervertie des droits de l’homme vient justifier qu’on détricote un lien social apparemment trop étouffant pour la « diversité ». C’est le paradoxe de notre temps. Au nom des « droits de la personne », on fait régresser les libertés.

On finance avec les fonds publics une bureaucratie d’idéologues cherchant à « faire avancer nos mentalités » – manière politiquement correcte de parler du lavage de cerveau, le nôtre. Il faudra tôt ou tard se demander si les juges et les « experts » qui se réclament des droits de la personne sont vraiment les plus qualifiés pour les défendre.

Les défenseurs des droits de la personne se sont-ils retournés contre eux ? Prière ou non au conseil municipal, le problème n’est pas d’abord celui-là.

La question est plutôt : est-ce aux juges ou aux élus d’en décider ? Ceux qui privilégient les premiers ne croient plus en la démocratie.

Source : Carnet de Bock-Côté




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6 commentaires:

Anonyme a dit…

«La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James, ne voit aucun problème dans le fait que les élus de Saguenay fassent lecture d'une prière avant les séances publiques du conseil municipal.

(SRC)

Anonyme a dit…

«La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James, ne voit aucun problème dans le fait que les élus de Saguenay fassent lecture d'une prière avant les séances publiques du conseil municipal.

(SRC)

Mme Lavallée, Sherbrooke a dit…

Merci M. Bock-Côté pour vos articles critiques et vos apparitions médiatisées qui sont souvent éclairantes. Nous sommes parfois tellement engourdis. Nous avons tellement besoin que des gens tels que vous se tiennent debout pour tous ceux qui se laissent entraîner par le courrant.

Merci,

Anonyme a dit…

Si les juges jugent, c'est que le législateur leur a donné le pouvoir de le faire et ce ne sont pas les juges qui ont adopté les Chartes tant québécoise (1975) que canadienne (1982) des droits et liberté, mais bien les parlements démocratiquement élus. Faudrait savoir ce qu'on veut.

Marre des anonymes a dit…

Visiblement l'anonyme fait semblant de ne jamais avoir entendu parler d'activisme judiciaire.

Anonyme a dit…

Quant l'Assemblée nationale a adopté notre charte des droits et libertés en 1975, il a dans cette même loi, édicté que:

"Aucune disposition d'une loi, même postérieure à la Charte, ne peut déroger aux articles 1 à 38, sauf dans la mesure prévue à ces article, à moins que cette loi n'énonce expressément que cette disposition s'applique malgré la Charte".

Ce faisant, l'Assemblée nationale acceptait du coup de s'en remettre aux juges pour décider ce qui, le cas échéant, déroge.

La source de l'activisme judiciaire est nulle part ailleurs. C'est "built-in" dans nos chartes.

Le Parlement canadien a fait la même chose en 1982.